mercredi 18 mai 2011

Pourquoi ici, et pas là-bas ?

Depuis le début de cette année, on note des révolutions dans plusieurs pays arabes faisant tomber au passage des chefs d'Etat qui avaient une réputation "d'indéboulonnable", tant leur main-mise sur tous les rouages économique, judiciaire, politique et même culturel de leurs pays étaient effroyable. Leur domination aussi bien sur leurs administrés que sur les médias, les opposants, les organisations de société civile, etc. était telle que nul n'aurait un jour imaginé que ces dictateurs partiraient du pouvoir par la pression de la rue. Ils organisent et gagnent les élections avec des scores avoisinant les 100 %, et disposent de fortunes colossales, menant des trains de vie indécents et contrastant avec le niveau de vie de leurs populations.

Après la Tunisie et l'Egypte, la Lybie et la Syrie (et bien d'autres pays arabes) sont entrées dans la danse. Mais malheureusement, les choses ne se passent pas dans les deux derniers pays, comme elles se sont passées dans les deux premiers. En effet, en Lybie et en Syrie, Mouammar Kadhafi et Bachar el-Assad ont choisi de résister à la pression de la rue, en sortant l'artillerie lourde contre les populations aux mains nues, qui ne demandent que plus de réformes, plus de liberté, plus de transparence dans la gestion des biens publiques, plus d'équité dans le partage des revenus de leurs pays, et ceci ne constitue que le minimum vital qu'un peuple peut revendiquer.

Réprimer une population qui manifeste pacifiquement en la bombardant avec du matériel de guerre, en tirant à balles réelles sur elle, en arrêtant et en enlevant les manifestants et les contestataires, sort de toute logique du bon sens. Dans ce cas, il était primordial de venir en aide à ces populations en mettant en œuvre des mécanismes pour les protéger. C'est ce que la France et les USA se sont empressés de faire dans un premier tant, avant qu'une résolution des Nations Unies ne mette cette opération sous la bannière de l'OTAN. C'est généreux de leur part et c'est une action louable. On se rappelle encore de ces Lybiens brandissant le drapeau français et témoignant leurs reconnaissances à la France (surtout).

Alors le peuple syrien est-il moins "humain" que le peuple lybien ? Pourquoi a-t-on choisi d'intervenir en Lybie et pas en Syrie ? Pourquoi ici, et pas là-bas ? La répression en Syrie serait-elle plus tolérable que celle en Lybie ? La souffrance du peuple syrien est-elle moins atroce que celle de la Lybie ?

Je voudrais que les choses soient claires par rapport aux lignes qui vont suivre. Je n'ai aucune admiration pour Mouammar Kadhafi, je ne le soutiens en rien car il existe des valeurs fondamentales auxquelles je suis attachées et que je ne retrouve pas en lui. La culture de la pensée unique, la non-alternance au pouvoir, le culte de la personnalité (son effigie partout, son nom attribué aux rues, aux hôpitaux, aux stades, etc.), égo démesuré entraînant une auto-proclamation comme Roi des rois d'Afrique, mythification et déification et de sa personnalité, tentative de déménagement du siège de l'UA dans sa ville natale, absence de liberté (sous toutes ses formes) dans son pays, musellement de toute tentative de contradiction, etc. font partie de ces choses que les amis de la Liberté combattent.

Mais quand même ! Pourquoi s'acharne-t-on contre Mouammar Kadhafi à ce point ? Pourquoi tous ces bombardements contre la Lybie sous prétexte de protéger sa population. Alors que le même scénario se joue en Syrie et personne ne bronche ? Pourquoi ici, et pas là-bas ? L'Afrique serait-elle une terre où tout le monde peut venir et faire sa pluie et son beau temps comme il l'entend ? Pourquoi apporte-t-on des aides à ces insurgés pour qu'ils renversent le régime en place ? Au nom de quels principes des pays étrangers peuvent-ils soutenir une insurrection ou une rébellion dans un autre pays ?

Je m'interroge :

- La France accepterait-elle qu'une coalition de pays apporte du soutien logistique et militaire aux nationalistes corses ?
- L'Espagne accepterait-elle que les indépendentistes basques de l'ETA bénéficient d'un appui quelconque d'une puissance étrangère en faveur de leur lutte au pays basque espagnole ?
- La Russie accepterait-elle que les indépendentises tchétchénes dans le Caucase bénéficient d'une formation et d'aides de pays étrangers pour mener à bien leur cause ?

Alors pourquoi ce qui n'est pas possible là-bas, l'est-il ici ? Peut-on instaurer une démocratie par la force ? Je pensais que le principe démocratique en lui-même se refusait à la violence et à la force.

Encore une fois, pourquoi ici, et pas là-bas ?

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